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Les impacts négatifs de la Violence Educative Ordinaire (VEO) sur la santé physique et psychologique et sur le comportement

Publié par Vers Plus d'idées sur 14 Janvier 2015, 12:49pm

Catégories : #Idées Suisse, #Vers Plus D'idées, #Mieux vivre

Ecrit par Dr Cornelia Gauthier - SUISSE - médecin psychosomaticienne et Auteure de « Sommes-nous tous des abusés ?...

Ecrit par Dr Cornelia Gauthier - SUISSE - médecin psychosomaticienne et Auteure de « Sommes-nous tous des abusés ?...

« Nous avons tous été des enfants, mais peu de nous s’en souviennent. »
Antoine de St-Exupé
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Partout, à travers le monde, dans les interactions adultes-enfants, c’est la loi du plus fort qui
l’emporte sur la loi du plus sage.

En effet, les adultes ont oublié comment ils ont dû faire face aux exigences des adultes qui
les entouraient alors qu’ils n’étaient encore que de petits enfants. Ils ne se souviennent peu
ou pas de toutes les punitions injustes et des humiliations subies durant l’enfance pour des
actes qu’ils n’avaient pas commis ou des propos innocents. Alors qu’ils étaient encore si
petits face aux grands, si jeunes face aux plus âgés, ignorants de tout ce que les autres
savaient, ils ont progressivement intégré la VEO subie jour après jour, finissant par la
considérer comme une éducation normale.

Mais posons-nous un instant la question : qu’est-ce vraiment que la VEO ?

Ce terme se réfère à l’éducation habituelle que tout parent applique, celle que presque
chacun d’entre nous a reçue de ses parents et que nous reproduisons spontanément de
générations en générations.

A l’instar d’un disque dur, nos cerveaux ont ainsi été programmés par ces méthodes
d’interactions archaïques avec nos enfants. Afin d’arrêter cette transmission inconsciente, il
est plus que temps de réfléchir à tout cela et de prendre la décision, en toute connaissance
de cause, de changer notre façon d’éduquer nos enfants.

La VEO est très différente de la maltraitance qui, heureusement, est beaucoup moins
fréquente. Dans le cas particulier des enfants battus, ces comportements destructeurs n’ont
aucun but éducatif.

Les personnes qui maltraitent ont été elles-mêmes battues lorsqu’elles étaient enfants.
Régulièrement, elles se défoulent en déversant toutes leurs énergies négatives sur des plus
faibles qu’elles-mêmes, faisant ainsi preuve d’une certaine forme de lâcheté. En plus de la
reproduction d’actes subis, ce comportement est aussi partiellement dû à un besoin de
vengeance suite aux violences vécues ainsi qu’au désir de soumettre autrui et de répondre à
une soif de domination.

La VEO, au contraire, est supposée forger chez les enfants un caractère fort et solide en leur
inculquant les « bonnes manières ». Les parents et enseignants pratiquent la VEO parce
qu’ils sont convaincus d’oeuvrer dans l’intérêt des enfants en leur donnant toutes les
chances dans la vie. Ces parents et enseignants ont eux-mêmes subi ces méthodes
éducatives et en ont fait leur référence. C’est la raison pour laquelle ils ne pourront pas
s’empêcher de les reproduire, jusqu’à ce qu’ils réalisent, non seulement intellectuellement,
mais aussi émotionnellement, que les enfants ne sont pas des adultes miniatures.

Depuis le premier jour de notre vie, nous serions sensés ne pas crier trop, ni trop longtemps.
Nous devrions comprendre pourquoi nos parents ou d’autres adultes qui s’occupent de nous
ne viennent pas rapidement nous sauver lorsque nous nous sentons insécurisés. Nous
devrions savoir que nous ne devons pas nous comporter comme des bébés !

Mais n’ayant pas la notion du temps, comment pourrions-nous deviner que quelqu’un
viendra nous porter secours dans les 5, 10, 20 ou 30 minutes suivantes ? Car au stade de
développement où nous en sommes, chaque seconde représente une éternité pour notre
cerveau encore immature.

Le cerveau du nouveau-né ne pèse que 350 grammes et reste donc rudimentaire. Les adultes
l’auraient-ils oublié ? Rappelons-nous que toutes les choses que nous savons nous-mêmes
aujourd’hui ont nécessité un apprentissage et que celui-ci a pris du temps. Il faut compter
environ 25 ans pour qu’un cerveau soit complétement formé. L’évolution de l’enfant ne
pourra pas progresser plus vite que la croissance naturelle et normale du cerveau humain,
particulièrement en ce qui concerne le raisonnement. Les adultes oublient trop souvent
cette évidence. C’est ainsi que le manque de prise de conscience et la méconnaissance des
stades du développement des enfants est la cause, jour après jour, d’un véritable
malentendu qui règne entre le monde de l’enfance et celui des adultes.

La plupart du temps, la VEO commence dès que les bébés se mettent à crier. Certaines
personnes prennent alors le parti de laisser pleurer désespérément le nouveau-né dans le
but de lui faire «comprendre » qui commande. D’autres parents, plus énervés, vont secouer
le bébé avec force pour le faire cesser. Plus tard, lorsque le petit enfant aura acquis plus
d’autonomie motrice, les risques de violence augmenteront fortement.

C’est ainsi que les enfants vont entendre des milliers de fois, de manière répétitive, le mot «
NON ! ». Entre 12 et 24 mois, ils vont très naturellement le reprendre à leur compte.
Débutera alors de manière progressive la fameuse phase dite d’opposition systématique.
Dans la mesure où les adultes interpréteront ces oppositions comme des provocations ou
des caprices, le malentendu initial aura toute possibilité de se creuser un peu plus, en
parallèle avec un développement de la VEO. Involontairement, parents et enfants seront
entraînés dans ce cercle vicieux de l’incompréhension mutuelle.

La VEO comprend autant les punitions physiques qu‘émotionnelles. Quelles que soient les
méthodes utilisées, elles possèdent des dénominateurs communs qui sont la douleur, la
peur et la colère. Les adultes étant, dans tous les domaines, plus puissants que les enfants,
ils seront gagnants à tous les coups pour soumettre leurs enfants à leur volonté.
Disons-le clairement : même pratiquée depuis des millénaires, quotidiennement et tout
autour du monde, la VEO est TOTALEMENT INEFFICACE.

Le seul moyen que les enfants ont trouvé pour survivre à la VEO consiste à bloquer leur
ressenti émotionnel pour souffrir moins. Mais attention ! Les émotions sont indispensables
au bien-être des êtres humains. Lorsque la circulation émotionnelle est empêchée, le corps
et le psychisme tombent malades. De plus, les personnes ayant subi de pareils blocages
développeront par la suite des troubles du comportement, certaines en adoptant une
attitude de victime, d’autres une identité d’abuseur.

La VEO est pratiquée chaque jour, tout autour du globe et envers quasiment chaque enfant.
Nous devons prendre conscience des graves conséquences de cette réalité. Cela constitue à
notre avis un problème de santé publique majeur.

Par conséquent, l’objectif de cette présentation est d’ouvrir une réflexion sur ce domaine
particulier de l’éducation dans lequel nous agissons avant tout à travers des réflexes
conditionnés. Plutôt que de juger les personnes qui pratiquent la VEO par méconnaissance, il
s’agira avant tout de rechercher les moyens et outils de prévention de façon à influencer
positivement la santé des générations futures.

Dr Cornelia Gauthier
Médecine psychosomatique ASMPP
Site: www.sommes-nous-tous-des-abuses.ch
Auteure de
« Sommes-nous tous des abusés ? » et de
« Victime ? Non merci ! »

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