Je dis apparemment, parce qu’il s’en faut de beaucoup pour que nous soyons toujours identique à nous-même, immuablement figé dans une même apparence psychologique, comme le serait une statue de plomb, pour autant qu’elle ait une psychologie.
Et parce que les apparences, justement, sont susceptibles de se révéler terriblement trompeuses, c’est bien connu. Qui semble calme et serein peut dissimuler un être tourmenté et anxieux. Et qui paraît bourru et agressif peut cacher la crème des hommes. Et ce ne sont là que deux exemples parmi bien d’autres. Je pourrais les multiplier.
Mais admettons pour le moment que nous avons, pour toute la durée de notre existence, un seul tempérament, un seul caractère et une seule personnalité. Ce à quoi je ne crois plus depuis belle lurette.
Ma petite expérience professionnelle de psy m’a en effet convaincu depuis longtemps que nos émotions et nos sentiments, notre façon de penser, d’agir et de réagir, en bref, notre comportement, dépendent étroitement des évènements. Des circonstances et de ce que nous vivons.
Je n’en prendrai qu’une preuve, parmi bien d’autres, là encore. Combien de va-t-en-guerre appelant à cors et à cris les citoyens aux armes se sont proprement liquéfiés, tétanisés par la peur, au premier contact avec l’ennemi ? Ce n’étaient pas des lâches, ils avaient seulement changé d’environnement.
Mais supposons que…
Une question se pose en tout état de cause. Comment notre tempérament, notre caractère et notre personnalité, se sont-ils formés ? Sous l’effet de quelles influences ? Innées ? Acquises ? Innées et acquises ? Ou d’autres encore ?
Yves Moigno
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