La panne de l'ascenseur social

Ecrit par Yves Moigno - FRANCE, Psychothérapeute cognitiviste, neuropsychologue et auteur -

Si ma mémoire est bonne, cela fait au moins vingt ans qu’on nous rebat les oreilles de cette fameuse panne à laquelle est attribué une grande part des maux socio-économiques de notre époque qui, il est vrai, n’en est pas dépourvue.

Alors qu’en est-il exactement ? Serpent de mer parmi tant d’autres dont nos médias sont si friands ? Pas plus friands d’ailleurs que nos politiques, toujours en quête d’un concept ronflant qui sonne bien à l’oreille et qui impressionne le bon peuple même si, examiné de plus près, il révèle sa totale vacuité. Qu’il ne signifie strictement rien autrement dit.
Est-ce le cas du concept de panne de l’ascenseur social ? Du tout ! Tout au contraire ! Mais si panne il y a bien, reste cependant à en déterminer la ou les causes. Pas très compliqué si l’on se montre logique. Pour qu’un ascenseur marche, trois conditions, pas une de moins, pas une de plus.

1) Qu’il y ait dans l’immeuble des étages à escalader.
2) Qu’il ait un moteur ou un système d’élévation.
3) Que ce système soit actionné puis utilisé par quelqu’un désireux de se rendre dans les étages supérieurs, voilà pas plus difficile que ça ! Nul besoin d’être polytechnicien ou Einstein pour s’en rendre compte !

Même à notre époque de chômage galopant, les étages à escalader à la force du poignet ne manquent pas. Pour ne prendre que quelques exemples parmi tellement d’autres, travailler plus pour gagner plus comme disait naguère quelqu’un, créer une entreprise individuelle, les divers concours, les promotions internes et externes, les nouveaux métiers nés des progrès technologiques incessants et bien d’autres que j’oublie certainement.
Le moteur turbo de l’ascenseur social, inutile de le chercher midi à quatorze heures. C’est bien sûr la motivation inflexible des candidats à la promotion économique et sociale. Mais en subsiste-il beaucoup ? En tout cas suffisamment pour dynamiser l’ensemble de la communauté nationale, la pousser en avant pour qu’elle se forge un avenir prometteur ? C’est toute la question, figurez-vous !

La nécessité d’actionner le système nous ramènerait aux considérations précédentes, inutile d’y revenir. Le problème à aborder demeure donc celui des motivations individuelles.

Dr. Yves Moigno

Psychothérapeute cognitiviste, neuropsychologue et auteur

Cofondateur du projet international Éducation et Santé

www.touspourleducation.com